mardi 3 juillet 2012

Stratégie Nationale pour la Biodiversité : un flop magistral

janvier 2016
COP 21, législation sur l’eau, organismes officiels, discours, colloques, plaquettes…
Qu’en est-il vraiment ? 




Face à l’effondrement de la biodiversité et au dérèglement climatique qui galopent, galopent, galopent… les politiques, les officiels, les entrepreneurs bourguignons ont choisi :
POURSUIVRE LES DESTRUCTIONS !

L’affaire de Saint Gengoux le National était déjà exemplaire à tous points de vue. Elle devient une démonstration. 


Devant la révélation des destructions antérieures dommageables à la tête de bassin versant où se trouve la cité médiévale, dommageables au patrimoine architectural et historique, dommageables à la biodiversité, au climat régional et global, à l’eau… l’eau consommée par les habitants, l’eau de tout l’aval jusqu’à la Méditerranée comprise, etc., les « décideurs » – tous sans exception – affirment la volonté inébranlable de poursuivre leur oeuvre de mort. Que voyons-nous sur leurs plans ? Là où le Ruisseau de Nolange a été enterré, après sa destruction sur 1 kilomètre en 1983 (1), le projet d’un nouveau tuyau d’eaux pluviales de 400 mm, et… en réponse à l’alerte pour la biodiversité, le climat et la qualité de l’eau, un nouveau « lit mineur » en béton d’un diamètre de 1200 mm enterré à côté des cuves de carburant en immersion dans la nappe phréatique d’accompagnement !
Euh, ya une nappe phréatique dans le lit d’un ruisseau ?

 
Notons encore que cet endroit appartient au lit mineur et au lit majeur d’un ruisseau de tête de bassin versant, par excellence le lieu visé par toutes les mesures de protection et de restauration décidées en France et en Europe, et financièrement soutenues, depuis le début des années 2000 – pour revenir sur les erreurs catastrophiques du passé. Mieux encore ! L’endroit fait intégralement partie de la tête de bassin versant, l’un de ces commencements des rivières et des fleuves, l’un des sites précieux que tous s’accordent à classer en priorité parmi les écosystèmes à sauver – précisément – de ce genre de vandalisme d’un autre âge. 

Attitude des administrations publiques en charge d’appliquer la législation en évolution pour protéger les écosystèmes du bien commun : entre omerta et soutien indéfectible aux destructeurs.

Gageons qu’ils vont tous accéder à la postérité.


C’est là :
Le lieu choisi pour réaliser un supermarché, un parking et… une station-service
« le terrain n’est pas traversé par un ruisseau » (le permis de construire signé par tous), 
« pas de surfaces relevant de la problématique zones humides » (la DDT et le préfet)…
(1) Le lit naturel du ruisseau et le bief du Moulin de la Boutière où il avait été détourné depuis le XVIIIème siècle ont été totalement détruits, avec une ripisylve ponctuée de grands arbres, avec leur biodiversité, probablement avec l’idée de changer les prairies humides du fond de vallée en terrains à bâtir. Le projet actuel est l’aboutissement de cette idée folle.




De la négation du ruisseau à sa réduction en « cours d’eau » et à son nouvel enterrement de première classe…
Les lois sur l’eau et « l’environnement » vidées de leur sens et réduites à l’impuissance par un vocabulaire inadéquat


Le développement de l’affaire de St Gengoux est exemplaire des « Contournements et détournements de la législation sur l’eau« * réalisés par ceux-là mêmes qui doivent faire respecter celle-ci pour sauver ce qui peut l’être encore, et l’avenir de la planète. 


Quand l’alerte a été lancée, il y a 8 ans, l’existence du ruisseau était outrageusement niée par tous. L’étude de terrain et historique a permis cette reconnaissance (mais pas la réalité de la falsification qui aurait dû faire annuler le permis de construire). Cependant, en jouant sur un vocabulaire juridique impropre, plus encore : sur un vocabulaire juridique réducteur changeant le vivant en un Meccano tripatouillable à merci (a), les négationnistes ont immédiatement glissé de la reconnaissance du « cours d’eau » – de l’eau seule, même morte – à la solution tuyaucratique en augmentant l’artificialisation de la tête de bassin versant avec ce projet de doublement du tuyau initial. 


Ainsi, en s’attachant à la lettre de textes mal écrits (ou trop bien ?), plutôt qu’à leur raison d’être – l’esprit des textes – les promoteurs et leurs zélés suivistes avalisent la destruction du ruisseau et de la tête de bassin versant, et l’aggravent au point de compromettre l’avenir, en enterrant l’eau dans une tuyauterie plus grande sous leur chère station-service – toujours sans la moindre considération pour la nappe phréatique qui affleure à la première pluie. 
Ainsi, la législation européenne et nationale a été détournée au point de servir à justifier une mise à mort définitive qui serait un coup de grâce pour tout l’écosystème, là où toutes les politiques affichées parlent d’urgente protection accompagnée d’opérations de restauration des ruisseaux enterrés et des têtes de bassin maltraitées.  


* Contournements et détournements de la législation sur l’eau, dans L’eau perdue de Saint Gengoux le Royal
https://renaissancerurale71.wordpress.com/
(a) « cours d’eau » au lieu de ruisseau, c’est à dire écoulement d’un fluide au lieu d’écosystème aquatique intimement relié à toute la campagne alentour et à l’aval jusqu’à la mer.


Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement. A l’inverse, le mauvais vocabulaire, ou le vocabulaire manipulé, ampute la compréhension et permet tous les détournements  :
 « Qui a le droit d’être libre, qui se sent le droit de réclamer à la société les conditions d’existence qui lui permettront de se vouer, s’il le veut, au travail d’une libération intérieure, celui-ci a également le devoir d’exercer cette liberté car si l’esprit ne se mobilise pas contre l’inertie du langage au sein de sa propre parole, il est en risque de voir les stéréotypes verbaux pénétrer ses démarches les plus intimes, usurper ses motivations, décider pour lui – en bref, faire de lui une chose, ce qui mettrait fin à notre aventure sur cette terre« 
Yves Bonnefoy à propos de ce qu’il nomme l’aliénation du langage, « Entretiens sur la poésie 1972-1990 », chapitre « Poésie et liberté »






 


décembre 2015

Dans la foulée de la COP 21, après les discours et les effets d’annonce, la pulsion de destruction court toujours…
Dénis et mensonges pour poursuivre les destructions et compromettre définitivement l’avenir

On pourrait longuement épiloguer sur les incohérences et contre-vérités qui figurent dans cet article ! Pour en faire le tour, mieux vaut se reporter à l’étude sur la tête de bassin versant dont il est question ici, mais sans jamais reconnaître celle-ci :
L’eau perdue de Saint Gengoux le Royal – première partie : le Ruisseau de Nolange

L’eau perdue de Saint Gengoux le Royal – seconde partie

 
Notons tout de même la négation des inondations à répétition du fond de vallée de Saint Gengoux le National (150 hectares inondables mesurés en 1875). L’histoire municipale et départementale en a gardé d’excellents exemples. Pour la période récente, après l’inondation de 1968, le Journal Officiel aussi a bonne mémoire : 2 submersions et coulées de boues en décembre 1982 et mai 1983, et, en juin 2008, une submersion plus importante et violente que celle (prétendue centennale) de novembre 2014. 


De négation de l’histoire en négation des évidences et des urgences actuelles, remarquons encore l’élimination comme chose négligeable de la législation sur l’eau et l’environnement, et le déni total d’un système aquatique exemplaire, une de ces petites têtes de bassin versant que toutes les instances européennes, nationales, régionales appellent à protéger et à restaurer. 


N’oublions pas que « le terrain » dont parle le journal est, contrairement à ce qu’insinue « le clan Schiever« , en intégralité dans le lit du ruisseau historique de la cité médiévale et qu’il est compris dans la tête de bassin versant comme, d’ailleurs, les prés qui lui succèdent vers l’aval. 


Arrêtons-nous un instant sur l’incroyable minimisation des crues centennales. Elles font pourtant référence partout pour les plans de prévention, et quelques catastrophes récentes démontrent que cela n’est pas un luxe – surtout avec le dérèglement climatique en cours ! Ce propos est d’autant plus invraisemblable – irresponsable – que la crue de référence en Saône et Loire est celle de 1840.


Notons encore l’oubli total, par tous, de la nappe phréatique d’accompagnement qui est, elle aussi, le ruisseau. En novembre 2014, c’est surtout elle que l’on a vu monter dans le pré, reconstituant le lit dont les « aménageurs » irresponsables l’ont privé. D’ailleurs, elle se manifeste lors de chaque période pluvieuse. 


Ah ! Encore une petite observation : et – encore plus spectaculaire que le dérèglement climatique – l’effondrement de la biodiversité dans tout ça ? Encore et toujours oublié par les décideurs, les corps intermédiaires et les arbitres, tous en rupture de biosphère !


Le sinistre sort de la tête de bassin versant de Saint Gengoux le National est exemplaire du déni écologique complet de l’ensemble de l’appareil politique et administratif. En 8 années de démonstrations, pas de concertation, jamais un échange constructif, les amorces de contacts systématiquement avortées et la mystérieuse disparition des interlocuteurs, les oublis, les mensonges, les portes closes partout… tout dit la faiblesse de la position officielle (?) prise au piège de ses contradictions, entre affichage d’une politique de protection des eaux et de sauvetage des têtes de bassin versant, déclarations solennelles sur la biodiversité menacée et annonces tonitruantes sur le contrôle du dérèglement climatique, et… poursuite forcenée des destructions. Une attitude criminelle, surtout au vu de l’ampleur et de la rapidité des effondrements et dérèglements en cours.
 
Sur ce qui devrait prévaloir : 
Les têtes de bassin versant : des territoires à préserver

Plan de bassin d’adaptation au changement climatique dans le domaine de l’eau
Une campagne de l’Agence de Bassin Rhône Méditerranée dont dépend la tête de bassin de Saint Gengoux le National :
Eau et changement climatique : adaptons-nous !
à propos de crue centennale… c’était en 2008



le « terrain à bâtir » en novembre 2014
Pire en 1983, en 1981, en 1968, etc.



En amont de la cité, le Ruisseau de Nolange déjà saccagé



 
Le Ruisseau de Nolange avant les saccages.
Ce qu’il pourrait redevenir dans l’intérêt de tous aujourd’hui et demain.









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